Le 20 janvier 2005, une campagne de prévention et de dissuasion contre le tourisme sexuel impliquant des enfants a été officiellement lancée au Cambodge. Nous rappelons que la convention internationale des droits de l'enfant les protège sous l'âge de 18 ans et qu'à part deux pays, tous les pays du monde ont signé cette convention. Nous rencontrons pourtant des jeunes de moins de 10 ans qui ont été abusés.
AIDéTouS a convaincu le gouvernement cambodgien de lancer une campagne de prévention d'ampleur nationale contre le tourisme sexuel impliquant les enfants. En effet, le travail de terrain, les enquêtes de AIDéTouS conduites depuis 2000 au Cambodge et le travail des autres ONG impliquées dans ce domaine, ont montré la responsabilité des touristes et résidents étrangers dans l'accroissement de la prostitution, l'entrée de plus en plus précoce des jeunes dans la prostitution et la diffusion du VIH au Cambodge. Et malgré une relative prise de conscience régionale et nationale, le tourisme sexuel continue au Cambodge de prendre une ampleur inquiétante, ampleur que le gouvernement souhaite enrayer.
Dans ce contexte, cette campagne vise avant tout à informer les touristes sur la législation du pays en rappelant que l'exploitation sexuelle d'un enfant est un acte illégal qui peut conduire à des peines de prison pouvant aller jusqu'à 30 ans.
Elle espère également participer à l'accroissement du niveau de conscience des touristes sur les risques encourus par les enfants dans certaines zones des pays du sud. En effet, des mafias profitent de la pauvreté, de l'ignorance des familles et de la faiblesse des structures qui permettent d'assurer la sécurité des enfants. De nombreux enfants de certains quartiers ou certains villages au Cambodge se trouvent dans une situation d'extrême vulnérabilité. Ils peuvent se retrouver victimes de rapt, d'enlèvement et de trafic organisés par des réseaux qui s'enrichissent au détriment d'enfants et d'adolescents en abusant de la confiance de leur famille ou en les agressant, pour satisfaire les caprices sexuels de touristes mal intentionnés prêts à payer beaucoup plus chers que les locaux. Ces touristes disposent d'un pouvoir d'achat quotidien pendant leurs vacances s'élevant au revenu mensuel voire annuel de toute une famille. De quoi faire miroiter des jours meilleurs pour une partie de la population sous le seuil de pauvreté et leurrer des parents très pauvres qui cherchent simplement à subvenir aux besoins élémentaires de leur famille : manger, accès à l'eau potable, accès aux soins, à la prévention et à l'éducation.
La campagne cherche aussi à expliciter clairement qu'aucun enfant et adolescent dans la prostitution n'y est venu de son plein gré. L'enfant n'est que la victime d'une situation qui lui échappe totalement et dont il devient littéralement prisonnier.
Enfin, cette campagne rappelle les nombreux risques sanitaires encourus par les enfants et par les adultes qui abusent les enfants.
Dans la mouvance du développement international du tourisme solidaire, AIDéTouS a souhaité par cette campagne mobiliser les touristes sur leur responsabilité mais aussi sur leur devoir de protection de tous les enfants du monde, partout où ils vont.
Cette campagne a pour but de toucher le maximum de touristes cambodgiens et internationaux en provenance de tous les pays. C'est pourquoi AIDéTouS a fait le choix de communiquer dès l'arrivée des touristes dans les deux aéroports internationaux, Phnom Penh et Siem Reap par des vidéos et au niveau des 10 postes frontières du Royaume par des posters.
Afin de leur rappeler leur responsabilité tout au long de leur séjour des posters sont affichés dans les endroits qu'ils fréquentent et des dépliants sont distribués dans les bars, hôtels, guest houses, café Internet... Le comportement « adulte » consiste à ne pas succomber à la tentation si l'offre est pressante dans certains lieux et à privilégier les relations entre adultes.
Pour la première fois au Cambodge, les vidéos et dépliants sont diffusés en 5 langues (khmer, anglais, français, chinois et japonais) ce qui permet de rendre les messages plus accessibles, et d'envoyer un message direct et compréhensible de mise en garde à TOUS les touristes. Cette communication en 5 langues accroît le niveau général de conscience et touche directement, dans leur langue natale, les touristes pédophiles et « chercheurs de virginité » potentiels : « L'abus d'un enfant va ruiner sa vie. Si vous abusez d'un enfant, cela ruinera votre vie aussi ».
Pendant plus de trois mois, en pleine saison haute, des télévisions grand écran diffusent en boucle dans les halls d'arrivées des aéroports de Phnom Penh et Siem Reap une vidéo en deux parties : la première promeut sur une musique cambodgienne traditionnelle les trésors touristiques du pays. La seconde, plus courte mais beaucoup plus choquante, rappelle que l'abus d'un enfant est un acte illégal pouvant conduire à des peines de prison pouvant aller jusqu'a 30 ans.
Afin d'accroître l'efficacité de la campagne en tentant de toucher le maximum de touristes se rendant dans le Royaume, AIDéTouS diffuse plus de 50 000 dépliants aux différents opérateurs du secteur du tourisme qui peuvent pour un certain nombre d'entre eux être connectés au tourisme sexuel. En effet, les agences de voyages, les tours operators, les hôtels, les guest houses ou encore les café Internet sont non seulement des lieux d'information mais aussi des points de rencontre potentiels pour des touristes à la recherche d'enfants prostitués. Certains opérateurs du secteur jouent même un rôle direct dans l'accroissement de la prostitution des enfants en participant activement à l'approvisionnement de l'offre. De plus, ils entretiennent un niveau de corruption tel que certaines personnes parmi les autorités, en tirant largement profit, non seulement ferment les yeux sur ces activités illégales mais cherchent même à les développer.
Toutefois, des responsables de la police du tourisme cambodgienne ont très bien accueilli cette campagne de sensibilisation et utilisent ces dépliants pour se rendre précisément dans ces endroits connus comme étant liés au trafic d'enfants mais jamais visités. Ces dépliants devraient donc être l'occasion pour certains officiers soucieux de faire respecter la loi d'accroître leur connaissance du terrain et donc à terme de mieux lutter contre le tourisme sexuel.
De nombreuses ambassades étrangères et organisations internationales ont également répondu positivement et disposent ces documents au sein de leurs bâtiments à l'intention de leurs ressortissants.
Le touriste respectueux se sentira informé et dès lors responsabilisé.
Par une communication dans sa langue natale, le touriste mal intentionné prendra conscience que même en dehors de son pays, il peut être identifié, tracé, poursuivi et condamné.
Le touriste, initialement prêt « à sauter le pas », ne se laissera pas tenter, en tout cas pas par un mineur et réfléchira aux conséquences de ses actes devant les propositions qui pourraient lui être faites en matière de satisfaction de désirs sexuels déviants :conséquences pour l'enfant, conséquences pour lui.
Le touriste pédophile saura qu'il encoure jusqu'à 30 ans de prison et que des associations et des coopérations nationales et internationales sont prêtes à assister les gouvernements par tous les moyens pour que la prévention soit étendue et les sanctions soient appliquées.
Le Royaume du Cambodge est une magnifique destination pour les touristes à la recherche d'une terre ancienne riche de trésors culturels et naturels. AIDéTouS se réjouit donc de voir que les autorités cambodgiennes sont partie prenante dans ce combat et souhaitent, au moment où le nombre de touristes a dépassé en 2004 le million, se positionner très fortement contre le tourisme sexuel. Dans la région, le pays fait figure d'exception et nous envisageons déjà de reconduire ce type d'initiative pour la saison prochaine.
A très court terme, nous souhaitons accroître la visibilité de cette campagne et toucher le maximum de touristes. Nous travaillons donc à disposer ces différents outils de communication avant l'arrivée des touristes au Royaume (dans les avions, les aéroports de transit à l'instar de Bangkok ou Kuala Lumpur, les gares de bus régionales des pays frontaliers, les ports...). Enfin, nous souhaitons dissuader les touristes, toutes nationalités confondues, d'envisager la destination Cambodge comme une destination de tourisme sexuel ; c'est pourquoi nous cherchons également a établir des coopérations très étroites avec les organisations menant le même type d'action dans les pays émetteurs de touristes, particulierement ceux de la région : Chine, Corée, Japon...
AIDéTouS croit que ce type d'action participe pleinement et efficacement à son objectif final à court terme : l'arrêt total au Cambodge du tourisme sexuel impliquant des enfants.
Le 20 janvier dernier, le Ministre du Tourisme Lay PROHAS a donné le coup d'envoi officiel de la campagne de prévention à l'aéroport de Phnom Penh. Cette campagne a été réalisée avec le soutien technique des Ministères du Tourisme et de l'Intérieur, de la Société Concessionnaire de l'Aéroport (SCA) et le soutien financier de l'Ambassade d'Australie et de la coopération Japonaise (JICA).