Selon l'Organisation Mondiale du tourisme (OMT), de 1950 à 2002, le nombre de touristes internationaux a été multiplié par 28, passant de 25 à 715 millions. Les estimations portent à 1,6 milliards le nombre de touristes internationaux en l'an 2020.
Selon le World Travel and Tourism Council (WTTC), ce secteur représente en 1997 plus de 230 millions d'emplois directs, soit 11% de l'emploi mondial, et 500 millions d'emplois indirects.
Ces chiffres témoignent de l'importance économique et sociale du secteur touristique qui est aujourd'hui, le premier marché mondial en volume d'affaires.
Ce secteur d'activité révèle une grande disparité en termes de flux physiques et financiers entre les pays développés et les pays en développement.
La quasi-totalité des touristes internationaux est originaire des pays développés et environ 80% d'entre eux se rendent en séjour dans ces mêmes pays riches.
Ainsi, les 3/4 des recettes du tourisme international s'échangent à l'intérieur des pays développés, qui sont donc à la fois importateurs et exportateurs de tourisme.
Les pays en développement ouverts au tourisme international sont presque tous uniquement exportateurs de tourisme. Ce secteur d'activité peut représenter jusqu'à 80% du PNB pour certains de ces Etats. Cependant, le principe d'économie de traite moderne appliqué au tourisme, consistant à imposer des moyens et des biens de production chers contre des ressources naturelles et humaines à bas prix, conduit à un tel déséquilibre dans les échanges, que des pays exclusivement exportateurs de tourisme présentent souvent des balances touristiques au solde négatif.
On constate donc, que le tourisme qui devrait être un produit d'exportation facteur de croissance économique pour ces pays, grâce aux revenus et aux emplois qu'il génère, devient dans certaines conditions, un facteur de déséquilibre et d'appauvrissement.
De plus, aux inégalités économiques produites par les conséquences de la domination du "Nord" sur le "Sud", s'ajoutent les nuisances induites par, un tourisme de masse mal maîtrisé, l'utilisation abusive et/ou anarchique des ressources naturelles, l'atteinte aux structures sociales traditionnelles sans contrepartie positive, la détérioration du cadre sanitaire par manque de politiques appropriées.
L'influence du tourisme sur l'état de santé des populations, présente des différences flagrantes entre pays riches et pays pauvres.
Le tourisme de santé a été érigé en nouvelle forme thérapeutique comme complément de la médecine moderne des pays occidentaux. Il est notamment recommandé en complément des rééducations qui font suite aux opérations chirurgicales ou aux accidents entraînant des séquelles motrices. Il comprend également les cures thermales ou encore les stages de convalescence médicalisés associant aux soins des séjours dans des sites privilégiés (climat, altitude, calme...).
La reconnaissance de ces avantages s'est ensuite étendue aux bienfaits relaxants des thérapies douces, dites de "remise en forme", qui associées au dépaysement et parfois à l'exotisme intègrent la découverte et confèrent ainsi au voyage sa dimension de rêve. Cette forme de tourisme rejoint une partie de la définition " omésienne " de la santé (bien-être physique et mental).
Le tourisme dans ce cas, est considéré dans sa composante voyage d'agrément associé aux congés payés, au droit à "la reconstitution de la force de travail".
On constate en effet que l'impact positif sur la "santé globale" des touristes, favorise à leur retour de voyage des attitudes plus dynamiques au travail (moins de fatigue, moins d'absentéisme, amélioration des relations de travail, ouverture d'esprit, initiative...), ce qui améliore leur productivité et participe à l'augmentation du PNB. Une plus grande richesse dans le pays permet de libérer une part plus importante pour la santé.
Par ailleurs, les aspects éducation et culture, associés aux voyages élèvent l'être humain intellectuellement et moralement et lui donnent une dimension supérieure qui profite à son individu, son entourage et sa société. Ainsi, " l'investissement dans le capital humain " à travers le tourisme dans toutes ses composantes, et non pas uniquement comme soins du corps selon la tendance médicale occidentale, rejoint la deuxième partie de la définition " omésienne " de la santé (bien-être social).
Le tourisme peut toutefois devenir facteur de dégradation de la santé des touristes et des professionnels du tourisme.
En effet, ces populations peuvent être exposées à des risques, notamment lorsqu'elles sont confrontées à des situations inhabituelles (climats extrêmes, maladies tropicales, épidémies, etc.). Les accidents de la route représentent également des risques importants, surtout dans des pays où les structures sanitaires sont précaires.
Le rôle des Ministères de la Santé et du Tourisme des pays émetteurs d'une part, et le rôle du secteur privé (compagnies aériennes, Tour opérateurs, agences de voyages, etc.) d'autre part, doivent évoluer vers un renforcement de l'information et de la prévention pour protéger les voyageurs et les populations qu'ils vont rencontrer.
Par ailleurs, il est constaté que les professionnels du tourisme sont particulièrement exposés aux risques d'accidents et de maladies, étant donné leurs conditions de travail (grande mobilité géographique, saisonnalité, stress, forte sollicitation de la part des touristes, etc.).
Les moyens conceptuels et quantitatifs actuels de la recherche, ne permettent pas d'avoir une connaissance précise de l'impact positif sur la santé des populations autochtones. Nous savons cependant qu'il existe quelques retombées bénéfiques dans certains pays par un double jeu d'hypothèses :
Le tourisme est un facteur de revenus et les revenus sont un facteur d'amélioration direct et indirect de l'état de santé.
On peut dire dans ce cas que des pays en développement, qui n'ont pour la plupart pas la chance de voir encore inclus le tourisme comme composante standard de leur consommation, est une résultante directe ou indirecte de l'apport du secteur touristique par l'emploi généré, par l'augmentation du revenu national ou celui de certains segments du marché formel et informel.
Cependant, il est évident qu'on ne peut pas se contenter de ces apports aléatoires des pays riches vers les pays en développement et qu'il faudra à terme, parvenir à des relations plus équilibrées pour contribuer à l'amélioration des conditions de santé par le tourisme dans tous les pays. C'est la raison pour laquelle l'analyse des politiques des institutions, ainsi que les choix stratégiques des investisseurs et des professionnels du tourisme, devront reposer sur des études approfondies du secteur, intégrant tous les paramètres en présence et notamment le volet santé et formation.
Les études actuelles montrent déjà, qu'il existe des corrélations multiples entre emploi et santé, niveau de revenu et niveau de santé, niveau de revenu et niveau d'éducation, niveau d'éducation et niveau de santé, etc.
Nous constatons malheureusement, que les retombées positives du tourisme sur le bien-être des populations en développement, demeurent faibles, aléatoires et à court terme, alors que les effets négatifs risquent d'hypothéquer pour longtemps l'avenir du tourisme de ces pays et de les priver ainsi des bienfaits de ce formidable outil de développement humain.
Les principales causes de la détérioration du potentiel touristique, de la déstabilisation sociale et des risques pour la santé des populations des pays récepteurs, proviennent principalement :